Les nitazènes ne sont pas autorisés pour un usage médical. L’expérience clinique de la consommation de ces substances par des personnes est quasiment inexistante.
Sur le marché noir, le fentanyl et les nitazènes ne sont généralement pas vendus sous forme pure, mais souvent coupés avec de l’héroïne de rue ou d’autres principes actifs.
Ces substances sont disponibles sur le marché noir sous forme de poudre ou de comprimés falsifiés (voir également le site www.saferparty.ch).
Le fentanyl et les nitazènes se caractérisent essentiellement par leur grande efficacité (de cent à mille fois supérieure à la morphine ou l’héroïne). Cette puissance hors du commun explique les graves intoxications et les décès en cas de surdosage.
Jusqu’à présent, la Suisse ne déplore pas d'intoxications ni de décès dus à ces puissants opioïdes de synthèse, mais des analyses de substances en ont prouvé la présence (voir les communications faites sur le site www.saferparty.ch).
L’analyse de ces substances est complexe. Il faut d’abord développer de nouveaux tests d’analyse, rendus possibles uniquement en présence de substances de référence correspondantes. Il est difficile de se procurer celles-ci en raison de leur illégalité. Par ailleurs, la très grande puissance de ces substances nécessite une extrême sensibilité qui dépasse significativement le niveau habituel des tests.
Les analyses toxicologiques courantes ne reconnaissent pas ces nouveaux puissants opioïdes.
Recommandations pour les médecins et le personnel médical
En cas de doute lors d’intoxications ou de décès, il convient d’envisager la possible influence de puissants opioïdes.
Explorer également la piste d’une consommation involontaire de puissants opioïdes en raison de mélanges de substances, ou la possibilité de déclarations erronées concernant le contenu du produit consommé, et supposer quelles substances ont pu être acquises sur le marché noir ou le darknet.
Les bandelettes-tests courantes destinées aux tests urinaires ne sont pas suffisamment en mesure d’identifier les puissants opioïdes tels que les nitazènes, et doivent encore être développées. Il est possible d’identifier le fentanyl.
En cas de doute, il est recommandé de signaler simplement les cas aux autorités de santé cantonales, et si possible, de mettre en sécurité les substances ou le matériel de consommation en vue d’analyses.
En cas d'intoxication aiguë, l’apport d’oxygène et de naloxone constitue la plus importante mesure de premier secours.
La prescription et la remise de spray nasal de naloxone aux consommateurs concernés est une mesure de prévention secondaire appropriée.
Contrairement à l’Allemagne ou l’Amérique du Nord, le spray nasal de naloxone est actuellement interdit en Suisse. La SSAM et d’autres institutions sont activement en contact avec l’OFSP et Swissmedic afin d’obtenir prochainement l’autorisation de prescription de ces sprays antidotes. Le « spray nasal Nyxoïd » fait déjà partie du Compendium suisse, mais il est précisé « Destiné exclusivement à la commercialisation à l’étranger ».
Il n’existe actuellement pas de recommandations cliniques pour le traitement adéquat d'une dépendance aux puissants opioïdes de synthèse. Le traitement agoniste opioïde demeure ici aussi un traitement de choix.
Si besoin dans le cas d’un traitement, il est recommandé de contacter une personne spécialisée en médecine de l’addiction via l’assistance en ligne ainsi que les autorités cantonales.